Hutong de Pékin

Lorsqu'on parle de la disparition des Hutongs de Pékin, les journalistes, dans leur grande majorité, regrettent la disparition d'un héritage architectural. Il est difficile de na pas être d'accord sur ce point.

En s'épanchant sur ce point on oublie un autre pan entier de l'héritage des Hutongs, celui de la vie communautaire dans ces maisons à cour carrée et ces dédales de ruelles.

Lorsque ces familles quittent leur hutong vouée à la destruction elle s'établissent la plupart du temps dans un immeuble sans grand âme du quatrième ou cinquième périphérique de la ville. Apport de la modernité, elles ont accès à l'eau courante, au toilettes privatifs à une cuisine privative etc. C'est vrai. Mais ces familles se retrouvent dans un environnement individualiste ou chacun reste derrière sa porte.

Lorsqu'elles quittent leur hutongs ces familles se retrouvent dispersées et éloignées les unes des autres distendant les liens communautaires qui les reliaient.

Dans une hutong, tout le monde se connaît et s'entraide, ces ruelles sont même très sécuritaires, difficile pour un étranger à la hutong de pénétrer dans une habitations sans se faire remarquer des habitués; les vélos ont moins de chance de disparaitre. La hutong est une immense aire de jeux  pour les enfants, leurs parents savent que, s' il ne sont pas sous leur regard; il le sont sous le regard d'autre parents.

Au moment des fêtes, le partage de la fébrilité de l'événement ou de la célébration de celui ci est très fort.

Si vous traversez une hutong la première impression que vous avez c'est celle d'avoir quitter les rues bruyantes de la capitale pour entrer dans un monde 'au ralenti'. Peu de voitures, des vélos et leurs sonnettes, des triporteurs chargés de tout ou de rien, des magasins au devantures désuètes, des grands pères et des grands mères assis au soleil, des gens se saluant dans la rue, des gens qui sortent d'une porte pour entrer dans une autre quelques mètres plus loin, des enfants en bas-âge jouer sous le regard des adultes. Tout cela à un rythme tranquille.

Voilà ce que perdent les familles qui quittent leur hutong.

Dans la course à l'urbanisme en Chine, j'ai rarement vu, voire jamais, de nouveaux ensembles architecturaux qui cherchent à recréer cet environnement.  Il semble ne pas avoir une démarche de réflexion à ce sujet.
Ce lien communautaire  dans les hutongs est aussi une héritage architectural que les architectes chinois devraient s'approprier et revendiquer dans leurs créations.

Comments

[jeanne]

Merci pour cette "balade" dans les hutongs.
Je partage votre perception.
Petite réserve :
"Dans une hutong, tout le monde se connaît et s'entraide"
il y a aussi, de temps en temps de bruyants conflits de voisinage et de cohabitation. Ce qui est tout à fait humain sous toutes les latitudes...

J'ai vu des pelleteuses arriver à grand fracas.
Les personnes déplacées, parfois dans des conditions brutales, pourront-elles reconstruire une vie "de quartier" ?

Je n'ai pas l'impression que ce soit le souci des architectes dans les constructions à la périphérie...mais cependant les personnes y gagneront en confort matériel...